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C'était tellement "pro" que s'en était presque décourageant pour les jeunes générations,
ça me fait penser au début en n&b de l'Anti-Christ de Lars Von Trier : C'était comme s'il disait : "Tu veux faire du cinéma? regarde mon intro puis rentre bosser chez toi!"
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Nous sommes toujours au centre, mais au centre du Vieux Monde. Eux qui furent une transcendance marginale de ce Vieux-Monde en sont aujourd’hui le centre neuf et excentrique.
L’excentricité est leur acte de naissance. Nous ne pourrons jamais leur ravir.
Nous ne pourrons jamais nous excentrer, nous décentrer de la même façon, nous ne serons donc jamais moderne au sens propre du terme, et nous n’aurons jamais la même liberté – non pas celle, formelle, que nous tenons pour assurée, mais celle concrète, flexible, fonctionnelle, active, que nous voyons jouer dans l’institution américaine, et dans la tête de chaque citoyen.
Notre conception de la liberté ne pourra jamais rivaliser avec la leur, spatiale et mobile, qui découle du fait qu’ils se sont un jour affranchi de cette centralité historique.
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Octavio Paz a raison d’affirmer que l’Amérique s’est créée dans le dessein d’échapper à l’histoire, d’édifier une utopie à l’abri de l’histoire, qu’elle y a en partie réussi, et qu’elle persiste aujourd’hui dans ce dessein. L’histoire comme transcendance d’une raison sociale et politique, comme vision dialectique et conflictuelle des sociétés, ce concept-là n’est pas le leur – de même que la modernité, comme rupture originelle d’avec une certaine histoire justement, ne sera jamais le nôtre. (…)
L’Amérique, elle, s’est trouvée en position de rupture et de modernité radicale : c’est donc là que la modernité est originale, et nulle part ailleurs.
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L’Amérique est la version originale de la modernité, nous sommes la version doublée ou sous-titrée. L’Amérique exorcise la question de l’origine, elle ne cultive pas d’origine ou d’authenticité mythique, elle n’a pas de passé ni de vérité fondatrice. Pour n’avoir pas connu d’accumulation primitive du temps, elle vit dans une actualité perpétuelle. Pour n’avoir pas connu d’accumulation lente et séculaire du principe de vérité, elle vit dans la simulation perpétuelle, dans l’actualité perpétuelle des signes. Elle n’a pas de territoire ancestral, celui des Indiens est circonscrit aujourd’hui dans des réserves qui sont l’équivalent des musées où elle stocke les Rembrandt et les Renoir. Mais c’est sans importance – l’Amérique n’a pas de problème d’identité.
Or la puissance future est dédiée aux peuples sans origine, sans authenticité, et qui sauront exploiter cette situation jusqu’au bout.
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Lire enfin tout l'album sur YouTube ou dans la baie, il était temps...
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Tristeza não tem fim
Felicidade sim...La tristesse n'a pas fin
Le bonheur si...A felicidade é como a gota
De orvalho numa pétala de flor
Brilha tranquila
Depois de leve oscila
E cai como uma lágrima de amor.Le bonheur est comme une goutte
De rosée sur une pétale de fleur
Tranquille, elle brille
Après avoir coulé, elle tremble
Et tombe comme une larme d'amour.A felicidade do pobre parece
A grande ilusão do carnaval
A gente trabalha o ano inteiro
Por um momento de sonho
Pra fazer a fantasia
De rei ou de pirata ou jardineira
Pra tudo se acabar na quarta feira.La joie du pauvre est comme
La grande illusion du carnaval
Les gens travaillent toute une année
Pour un moment de rêve
Pour faire un déguisement
De roi ou de pirate ou de jardinier
Et tout ça se termine le mercredi.Tristeza não tem fim
Felicidade sim...La tristesse n'a pas fin
Le bonheur si…A felicidade é como a pluma
Que o vento vai levando pelo ar
Voa tão leve
Mas tem a vida breve
Precisa que haja vento sem parar
Precisa que haja vento sem pararLe bonheur est comme une plume
Que le vent soulève dans l'air
Elle vole si légère
Mais elle a une courte vie
Elle a besoin qu'il y ait du vent sans arrêt
Elle a besoin qu'il y ait du vent sans arrêtPrecisa que haja vento sem parar
Elle a besoin qu'il y ait du vent sans arrêt Tristeza não tem fim... La tristesse n'a pas fin…
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(…) C’est ce qui, quoi qu’il arrive, nous sépare des Américains. Nous ne les rattraperons jamais, et nous n’aurons jamais cette candeur. Nous ne faisons que les imiter, les parodier avec cinquante ans de retard, et sans succès d’ailleurs. Il nous manque l’âme et l’audace de ce qu’on pourrait appeler le degré zéro d’une culture, la puissance de l’inculture. (…)
Nous resterons des utopistes nostalgiques déchirés par l’idéal, mais répugnant dans le fond à sa réalisation, professant que tout est possible, mais jamais que tout est réalisé. Telle est l’assertion de l’Amérique. Notre problème à nous est que nos vieilles finalités – révolution, progrès, liberté – se seront évanouies avant d’avoir été atteintes, sans avoir pu se matérialiser. D’ou la mélancolie.
in Amérique, Jean Baudrillard.
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Feuilles A4 décollées, scannées et gentillement recollées rue du Fossé aux loups , Bruxelles. 2010.
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Les nuages nous gâchent le ciel en Europe.
Comparés aux ciels immenses de Nord-Amérique, avec leurs nuées, nos petits ciels pommelés, nos petits nuages pommelés sont à l'image de nos pensées pommelées, jamais des pensées de l'espace... A Paris, le ciel ne décolle jamais, il ne plane pas, il est pris dans le décor des immeubles souffreteux, qui se font de l'ombre les uns aux autres, comme la petite propriété privée - au lieu d'être la façade miroir vertigineuse les uns des autres, comme celle du grand capital à New York...
Ça se voit aux ciels : l'Europe n'a jamais été un continent. Dès que vous posez le pied en Amérique du Nord, vous sentez la présence d'un continent entier - l'espace y est la pensée même.in Amérique, J. Baudrillard.
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La culture américaine est l’héritière des déserts. Ceux-ci ne sont pas une nature en contre point des villes, ils désignent le vide, la nudité radicale qui est à l’arrière-plan de tout établissement humain. Ils désignent du même coup les établissements humains comme une métaphore de ce vide, et l’œuvre de l’homme comme la continuité du désert, la culture comme mirage, et comme perpétuité du simulacre.(…)
Il n'y a pas de culture ici, pas de discours culturel. Pas de ministère, pas de commissions, pas de subventions, pas de promotion. Le trémolo culturel qui est celui de la France entière, ce fétichisme du patrimoine - rien ici de cette invocation sentimentale, et qui plus est aujourd'hui: étatique et protectionniste. Beaubourg est impossible ici, de même qu'en Italie (pour d'autres raisons). Non seulement la centralisation, mais l'idée d'une culture cultivée n'existe pas, pas plus que celle d'une religion théologale et sacrée. Pas de culture de la culture, pas de religion de la religion. Il faudrait parler plutôt de culture « anthropologique», qui consiste dans l'invention des moeurs et du mode de vie. Celle-là seule est intéressante, comme seules les rues de New York le sont, et non les musées. (…)
La culture n'est pas ici cette délicieuse panacée que l'on consomme chez nous dans un espace mental sacramentel, et qui a droit à sa rubrique spéciale dans les journaux et les esprits.(…)
C'est pourquoi la recherche des oeuvres d'art ou des spectacles cultivés m'a toujours semblé fastidieuse et déplacée. Une marque d'ethnocentrisme culturel. Si c'est l'inculture qui est originale, alors c'est l'inculture qu'il faut saisir. Si le terme de goût a un sens, alors il nous commande de ne pas exporter nos exigences esthétiques là où elles n'ont rien à faire.in Amérique, J. Baudrillard.
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Monsieur Marc Antoine Charpentier, comme il était parti à Rome, âgé de quatorze ans, pour y apprendre la peinture, en revint musicien.
Il avait eu la tête tournée des airs que Monsieur Carissimi composait dans ce temps-là.
Un beau matin, il avait abandonné le visible.
Il renonça aux verrières exposées au nord des ateliers des peintres.extrait de "Les Ombres errantes" de Pascal Quignard, 2002.