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Halloween n’a rien de drôle. Cette fête sarcastique reflète plutôt une exigence infernale de revanche des enfants sur le monde adulte. Puissance maléfique dont la menace plane sur cet univers, à la mesure de sa dévotion pour les enfants eux-mêmes. Rien de plus malsain que cette sorcellerie enfantine, derrière les déguisements et les cadeaux – les gens éteignent les lumières et se cachent, de peur d’être harcelés. Et ce n’est pas un accident si certains fourrent des aiguilles ou des lames de rasoir dans les pommes ou les gâteaux qu’ils leur distribuent.
Amérique, J. Baudrillardvotre commentaire
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...Toute la duplicité de l'art contemporain est là: revendiquer la nullité, l'insignifiance, le non-sens, viser la nullité alors qu'on est déjà nul. Viser le non-sens alors qu'on est déjà insignifiant. Prétendre à la superficialité en des termes superficiels. Or la nullité est une qualité secrète qui ne saurait être revendiquée par n'importe qui. L'insignifiance la vraie, le défi victorieux au sens, le dénuement du sens, l'art de la disparition du sens est une qualité exceptionnelle de quelques oeuvres rares, et qui n'y prétendent jamais. Il y a une forme initiatique de la nullité, comme il y a une forme initiatique du rien, ou une forme initiatique du Mal. Et puis, il y a le délit d'initié, les faussaires de la nullité, le snobisme de la nullité, de tous ceux qui prostituent le Rien à la valeur, qui prostituent le Mal à des fins utiles. Il ne faut pas laisser faire les faussaires. Quand le Rien affleure dans les signes, quand le Néant émerge au coeur même du système de signes, ça, c'est l'événement fondamental de l'art. C'est proprement l'opération poétique que de faire surgir le Rien à la puissance du signe non pas la banalité ou l'indifférence du réel, mais l'illusion radicale.
(…)
Cette paranoïa complice de l'art fait qu'il n'y a plus de jugement critique possible, et seulement un partage à l'amiable, forcément convivial, de la nullité. C'est là le complot de l'art et sa scène primitive, relayée par tous les vernissages, accrochages, expositions, restaurations, collections, donations et spéculations, et qui ne peut se dénouer dans aucun univers connu, puisque derrière la mystification des images il s'est mis à l'abri de la pensée.
L'autre versant de cette duplicité, c'est, par le bluff à la nullité, de forcer les gens, a contrario, à donner de l'importance et du crédit à tout cela, sous le prétexte qu'il n'est pas possible que ce soit aussi nul, et que ça doit cacher quelque chose. L'art contemporain joue de cette incertitude, de l'impossibilité d'un jugement de valeur esthétique fondé, et spécule sur la culpabilité de ceux qui n'y comprennent rien, ou qui n'ont pas compris qu'il n'y avait rien à comprendre.in "Le complot de l'art" J. Baudrillard, (article paru dans Libération le 20 mai 1996)
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C'était tellement "pro" que s'en était presque décourageant pour les jeunes générations,
ça me fait penser au début en n&b de l'Anti-Christ de Lars Von Trier : C'était comme s'il disait : "Tu veux faire du cinéma? regarde mon intro puis rentre bosser chez toi!"votre commentaire
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Nous sommes toujours au centre, mais au centre du Vieux Monde. Eux qui furent une transcendance marginale de ce Vieux-Monde en sont aujourd’hui le centre neuf et excentrique.
L’excentricité est leur acte de naissance. Nous ne pourrons jamais leur ravir.
Nous ne pourrons jamais nous excentrer, nous décentrer de la même façon, nous ne serons donc jamais moderne au sens propre du terme, et nous n’aurons jamais la même liberté – non pas celle, formelle, que nous tenons pour assurée, mais celle concrète, flexible, fonctionnelle, active, que nous voyons jouer dans l’institution américaine, et dans la tête de chaque citoyen.
Notre conception de la liberté ne pourra jamais rivaliser avec la leur, spatiale et mobile, qui découle du fait qu’ils se sont un jour affranchi de cette centralité historique.votre commentaire
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Octavio Paz a raison d’affirmer que l’Amérique s’est créée dans le dessein d’échapper à l’histoire, d’édifier une utopie à l’abri de l’histoire, qu’elle y a en partie réussi, et qu’elle persiste aujourd’hui dans ce dessein. L’histoire comme transcendance d’une raison sociale et politique, comme vision dialectique et conflictuelle des sociétés, ce concept-là n’est pas le leur – de même que la modernité, comme rupture originelle d’avec une certaine histoire justement, ne sera jamais le nôtre. (…)
L’Amérique, elle, s’est trouvée en position de rupture et de modernité radicale : c’est donc là que la modernité est originale, et nulle part ailleurs.
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L’Amérique est la version originale de la modernité, nous sommes la version doublée ou sous-titrée. L’Amérique exorcise la question de l’origine, elle ne cultive pas d’origine ou d’authenticité mythique, elle n’a pas de passé ni de vérité fondatrice. Pour n’avoir pas connu d’accumulation primitive du temps, elle vit dans une actualité perpétuelle. Pour n’avoir pas connu d’accumulation lente et séculaire du principe de vérité, elle vit dans la simulation perpétuelle, dans l’actualité perpétuelle des signes. Elle n’a pas de territoire ancestral, celui des Indiens est circonscrit aujourd’hui dans des réserves qui sont l’équivalent des musées où elle stocke les Rembrandt et les Renoir. Mais c’est sans importance – l’Amérique n’a pas de problème d’identité.
Or la puissance future est dédiée aux peuples sans origine, sans authenticité, et qui sauront exploiter cette situation jusqu’au bout.
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Tristeza não tem fim
Felicidade sim...La tristesse n'a pas fin
Le bonheur si...A felicidade é como a gota
De orvalho numa pétala de flor
Brilha tranquila
Depois de leve oscila
E cai como uma lágrima de amor.Le bonheur est comme une goutte
De rosée sur une pétale de fleur
Tranquille, elle brille
Après avoir coulé, elle tremble
Et tombe comme une larme d'amour.A felicidade do pobre parece
A grande ilusão do carnaval
A gente trabalha o ano inteiro
Por um momento de sonho
Pra fazer a fantasia
De rei ou de pirata ou jardineira
Pra tudo se acabar na quarta feira.La joie du pauvre est comme
La grande illusion du carnaval
Les gens travaillent toute une année
Pour un moment de rêve
Pour faire un déguisement
De roi ou de pirate ou de jardinier
Et tout ça se termine le mercredi.Tristeza não tem fim
Felicidade sim...La tristesse n'a pas fin
Le bonheur si…A felicidade é como a pluma
Que o vento vai levando pelo ar
Voa tão leve
Mas tem a vida breve
Precisa que haja vento sem parar
Precisa que haja vento sem pararLe bonheur est comme une plume
Que le vent soulève dans l'air
Elle vole si légère
Mais elle a une courte vie
Elle a besoin qu'il y ait du vent sans arrêt
Elle a besoin qu'il y ait du vent sans arrêtPrecisa que haja vento sem parar
Elle a besoin qu'il y ait du vent sans arrêt Tristeza não tem fim... La tristesse n'a pas fin… votre commentaire