• Boum Tchak! 2. Extraits.

    2. C’était avant le glissement vers une impossible légèreté pop, avant aussi les magazines-philo en kiosque et les stages-philo pour comités d’entreprise, avant donc les séries télé mais un peu après les musées d’art contemporain. La culture absolue se fondait dans l’entertainment. Pourtant, depuis longtemps déjà, la domination laissait faire, avec l’indifférence ou le peu de reconnaissance qu’on sait pouvoir octroyer à qui ne peut nuire. Deux siècles d’assauts et de surenchère dans les outrages et dans les invectives ont nourri la longue histoire culturelle de l’émancipation de l’individu et toujours le même rien : une infinité d’événements, mais pas d’avènement. (…)

    3. Après avoir annoncé aux artistes (de grande ou nulle renommée), aux philosophes, aux maquisards de l’édition (subventionnés par l’État), aux partisans et à tous les autres intrépides du papier, que la guerre était finie, le moment est venu de leur dévoiler la vérité toute entière, à savoir que cette guerre, leur guerre, n’a jamais commencé.

    4. En décrivant comment le système autonome et autogénératif de la déception, la culture absolu, se généralise en un système de la pratique/jouissance de l’attente, l’entertainment, je n’ai nullement l’intention de déplorer l’inévitable. La culture n’est pas œuvre de salut, et la négation du monde qui est son principe fondateur doit plutôt s’entendre au sens luthérien de négation de la possibilité du rachat. Il n’y a rien à racheter et ce sont les œuvres en niant cela qui créent le mal. Un mal moral confondu avec une pathologie sociale indéterminée dont elles se veulent le remède. C’est par cette petite sorcellerie, ce tour de passe-passe, que la culture s’est substituée au politique dans la prise en charge de la vie commune des hommes. La subjectivité fictive, cet « homme nouveau » déjà vieux, peut, dans ses moments de lyrisme pastoral, rêver d’insurrections et de révoltes, mais, à son réveil dans les pâturages des événements, elle se reconnaitra dans le vieil animal non-politique qu’elle a toujours été.


     


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